Rencontre avec Élodie Rubio, exemple d’engagement en faveur de l’Ukraine

Rencontre avec Elodie Rubio qui a donné de sa personne pour acheminer un convoi humanitaire en Ukraine. Quelques semaines après son retour, la castelnauvienne livre ses impressions à la Ville de Castelnau-le-Lez.

Présentez-vous en quelques mots.  

Ayant toujours vécu à Castelnau-le-Lez, je suis partie vivre au Pérou pour revenir l’an dernier, toujours à Castelnau-le-Lez. Un retour aux sources pour moi, qui travaille dans le milieu médical dans un cabinet de cryothérapie.

 

D’où vous est venu cet engagement humanitaire ?

Aux premiers jours de l’agression russe de l’Ukraine, je me suis sentie concernée et touchée par ce conflit aux portes de l’Europe. En consultant les réseaux sociaux, j’étais submergée d’infos.

En voyant ce qui se passait, je ne pouvais pas rester sur le canapé à rien faire. J’ai tout de suite cherché des groupes d’aide, notamment l’association Groupe d’intervention protection prévention sauvetage (GIPS) qui préparait un convoi. Je remercie au passage la Ville de Castelnau-le-Lez pour son soutien financier, (ndlr : via des subventions aux associations humanitaires).

Avant de partir pour Lublil (en Pologne, proche de la frontière), le convoi que je préparais a reçu énormément de dons : matériel médical, produits d’hygiène, conserves, couches. J’ai été débordée d’appels, la préparation a presque été plus intense que la mission.

 

Vous avez passé 6 jours sur place, comment cela s’est déroulé ?

En arrivant à la frontière, il fallait transférer nos dons dans un camion qui allait à Kiev. Notre crainte était que la marchandise soit détournée, volée, ou vendue une fois entrée sur le territoire Ukrainien.

Heureusement cela n’a pas été le cas, mais cela s’est produit avec d’autres convois.

J’ai aussi apporté mon aide aux réfugiés dans les centres d’hébergement. La communication avec eux a été rendue possible grâce aux nombreux traducteurs, et aussi Google trad. J’ai été très frappée par l’attitude des personnes présentes dans ces centres. La plupart ne montraient que très peu leurs émotions malgré une situation dramatique. Le calme et la résilience que j’ai pu constater contraste parfois avec l’image que l’on peut se faire depuis la France.

Ma venue avait aussi pour but de conduire en France des Ukrainiens qui le souhaitaient. Notre convoi a ramené 18 personnes, surtout des femmes et des enfants. Je suis toujours en contact avec certains d’entre eux, pour les aider à s’intégrer dans ce nouvel environnement. Beaucoup souhaitent d’ailleurs regagner leur pays quand la guerre sera finie. Une dame que j’ai amenée en France m’a tout de suite demandé à ce que je la ramène en Ukraine lorsque la situation sera meilleure.

 

Avez-vous eu peur sur place ?

Non, étant donné que nous n’avons pas foulé le sol ukrainien. Le but n’était pas de se mettre en danger.

J’ai en revanche assisté à un moment épique, les militaires polonais présents dans les centres d’hébergements ont soupçonné deux personnes d’être des espions russes infiltrés dans le camp pour faire passer des armes. C’était digne de James Bond !

Tous les réseaux ont été bloqués dans la foulée. Personne n’a compris sur le moment.

 

Comment s’est passé le retour ? Quels enseignements avez-vous tiré de cette expérience ?

Les 3 jours de trajet ont été éprouvants. Il fallait gérer la charge émotionnelle importante des réfugiés présents, plus la fatigue après une semaine très prenante physiquement et mentalement.

Le retour à la vie normale, au travail a été difficile. Cette action humanitaire apprend l’humilité et relativise les petits tracas du quotidien, face à des situations bien plus dramatiques. Un mois et demi après le voyage, je considère que ma mission n’est pas terminée. Elle entre dans une phase d’accueil des personnes avec qui j’ai tissé des liens, surtout que les dons s’essoufflent avec l’enlisement du conflit.

Je repartirai peut-être cet été, quitte à faire plusieurs allers-retours.