Le médecin Magalie Miló alerte avec son témoignage « Mon burn-out en blouse blanche »

Déjà autrice de 2 romans, la Castelnauvienne Magalie Milo livre cette fois-ci un récit de vie poignant, publié aux éditions de L’Archipel : « Mon burn-out en blouse blanche ». Elle y détaille l’épuisement intense qui, de 2019 à 2023, l’a rendue incapable de travailler.

Écrire pour aider et alerter

« J’ai écrit ce livre pour aider les personnes, membres du personnel soignant ou non, qui traversent un burn-out, et pour leurs proches, qui ne comprennent pas forcément la détresse des malades. Je veux aussi alerter les pouvoirs publics et l’opinion sur ce fléau, très répandu (notamment) dans le milieu médical, et pourtant tabou. De nombreux médecins, infirmières ou internes sont dans le déni, n’osent pas en parler ou ne sont pas pris au sérieux par leur propre médecin lorsqu’ils évoquent leur épuisement », explique l’autrice.

Une émission de télévision

Magalie Milo a participé à l’enregistrement de l’émission Ça commence aujourd’hui, animée par Faustine Bollaert, consacrée au burn-out. Celle-ci devrait être diffusée en septembre 2025. Elle y témoigne à visage découvert, ce qui est rare pour un membre du personnel soignant.

 

Un médecin épuisé assis sur un banc

Le milieu médical en souffrance

Elle explique : « Je veux que l’on entende le mal-être des médecins, urgentistes, infirmiers, internes. Un médecin malade, c’est mal vu ! Mais ils sont en première ligne de la souffrance des patients, de la misère humaine, et sont parfois victimes de violence. Ils éprouvent souvent un sentiment d’impuissance du fait du manque de moyens financiers et humains. Le système actuel, lié à la pénurie de soignants, les pousse à travailler toujours plus, à réduire le temps des consultations et à les enchaîner jusqu’à n’en plus pouvoir. C’est l’usine, la surcharge totale ».

Avant son burn-out, elle devait recevoir 40 patients par jour (« d’autres collègues en recevaient une soixantaine ») et avait toujours « l’impression de courir après le temps », mangeant un sandwich entre 2 patients et négligeant sa santé.

Une femme fatiguée, tenant sa tête entre ses mains

Demander un 2e ou un 3e avis médical si besoin

Elle soulève un facteur psychologique qui a freiné le diagnostic la concernant : « On a du mal, en tant que soignant, à aller voir un médecin. Personnellement, je n’en ai consulté un que lorsque je me suis trouvée au fond du gouffre. Et il ne m’a pas prise au sérieux. C’est seulement quand j’ai consulté une psychiatre qu’elle a posé le diagnostic de burn-out ».

Forte de son expérience, elle conseille, en cas de suspicion de burn-out non « entendue » par un premier docteur, de demander un second ou un troisième avis médical et de s’adresser à un ou une psychiatre.

Un homme accablé, debout près de son bureau

Repérer les signaux d’alerte

Désormais remise de son burn-out, Magalie Milo a appris à repérer les signaux d’alerte : l’impression renouvelée chaque jour de ne pas avoir assez de temps pour tout faire, de prendre du retard, de ne pas y arriver, autodépréciation… La sensation de devoir chaque jour escalader une montagne.

Autres signes : des difficultés de concentration, de mémorisation, une fatigabilité importante.

« Dans ce cas, il faut se protéger, consulter son médecin et se mettre en retrait de son travail, sinon on part dans une spirale infernale », préconise-t-elle. Elle conseille de ne pas dépasser ses limites et de ne pas rester seul face à son mal-être.

Conseils à l’entourage

Les employeurs devraient être à l’écoute de leurs collaborateurs très investis qui leur signalent un état de fatigue anormal, selon elle. Ils devraient prendre des décisions pour les préserver. C’est dans leur intérêt, puisque plus un burn-out est détecté tôt, plus l’arrêt de travail sera court.

Magalie Milo suggère aux proches de personnes en burn-out d’être dans le soutien sans jugement ni infantilisation, d’essayer de se mettre à la place du malade et de respecter son temps de repos et de reconstruction, certes long, mais indispensable.

Les pouvoirs publics

Magalie Milo souhaite que davantage de moyens financiers et humains soient alloués au secteur public pour éviter les pénuries de soignants, qui accentuent la détresse de ceux qui doivent faire leur travail en plus du leur. Elle souligne les risques générés par les restrictions et la sectorisation.

Une jeune femme en position du lotus dans son salon

L’importance de cultiver ses loisirs et passions

Après une longue période de repos, au cours de son processus de reconstruction, Magalie Milo a repris des activités qu’elle pratiquait avant d’être soumise à un rythme trop intense : l’écriture (de « Mon burn-out en blouse blanche »), la danse… Elle a également découvert des pratiques pour son bien-être, dont la méditation de pleine conscience.

Elle recommande aux personnes qui travaillent de ne pas cesser les activités et loisirs qui leur procurent du plaisir, par manque de temps. « Sinon, elles risquent de se perdre et de ne plus penser qu’au travail ».

Une renaissance

Rétablie, Magalie Milo travaille maintenant à temps partiel pour l’Institut Saint-Pierre, à Palavas-les-Flots, en tant que médecin de l’obésité. Lors de son recrutement, elle n’a pas caché avoir traversé une longue période de burn-out.

« Je veux que les gens sachent que l’on peut se rétablir après un burn-out. C’est une période terriblement difficile mais, si l’on est bien accompagné et écouté, on s’en sort. On en revient plus respectueux de soi-même. »

Séance de dédicaces et Salon du livre

Magali Milo fera une séance de dédicaces à la librairie L’Épluche-Livres, à Castelnau-le-Lez, le samedi 4 octobre 2025, de 10h à 12h, suivie d’une lecture et de dédicaces de 17h à 19h, pour le lancement de son ouvrage.

Elle participera également au Salon du livre de La Grande-Motte les 18 et 19 octobre prochains.

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