Green IT Day : le numérique, de l’utile au futile, vers un usage responsable ?

Jeudi 2 octobre 2025, la Ville de Castelnau-le-Lez accueille, au Kiasma, le premier jour de la 11e édition du Green IT Day. Cet événement organisé par Digital 113 met chaque année en relation l’écosystème du numérique et l’environnement. Cette année, le thème évoqué est « Numérique et vivants, virus ou vivus ». Le second volet aura lieu le 3 octobre à Toulouse.

L’essentiel retour du numérique au vivant

En préambule, Magali Germond, vice-présidente de Digital 113, en charge du numérique responsable, a évoqué le nécessaire « retour au vivant ». Selon elle, « les numérisants ont une responsabilité. Leur raison d’être n’est pas neutre pour la planète, la biodiversité et les humains. Nous devons collectivement confronter les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle et leur cohabitation avec le monde du vivant ».

 

Le Maire de Castelnau-le-Lez au micro dans le cadre du Green IT Day 2025

Inventer des usages sobres

Le Maire de Castelnau-le-Lez a renchéri en indiquant : « Cette interrogation – virus ou vivus – n’est pas théorique. Elle nous oblige toutes et tous à choisir la manière dont nous développons et utilisons le numérique. Elle interroge nos usages quotidiens, nos choix collectifs, nos modèles économiques. Ensemble, nous devons inventer des usages sobres, respectueux de l’environnement, au service du lien social et de la qualité de vie ».

Michel Robert sur la scène du Kiasma pour le Green IT Day

Michel Robert, le numérique : poison et remède

Lors de la conférence d’introduction intitulée « Numérique et vivant, empreintes, paradoxes et enjeux », le public de l’auditorium a assisté à un exposé magistral de Michel Robert. Ce professeur de microélectronique tient la Chaire Responsabilité, Éthique et Impacts des Technologies du Numérique à l’Université de Montpellier (Polytech Montpellier) en partenariat avec Isia, et a dirigé jusqu’à récemment le Centre Informatique National de l’Enseignement Supérieur (CINES).

Usages utiles, usages futiles

Il a présenté les usages utiles du numérique pour la recherche scientifique, la santé (aides au diagnostic, suivi d’infestions post-opératoires, prédictions de maladies par l’intelligence artificielle) ou encore les métiers et services de demain.

Mais il a également rappelé les utilisations futiles que nous en faisons au quotidien (streaming individuel dans un TGV, Métavers, jeux vidéo en ligne, cryptomonnaies, certaines appli d’IA, voiture numérique électrique personnelle autonome non mutualisée) accentuées par le marketing, ce qui provoque un effet rebond obligeant à renouveler de façon incessante les appareils et les technologies d’IA, voire à créer des réseaux de téléphonie 6G et 7G.

Du fait de la hausse de ces usages, la consommation d’énergie des data centers est en croissance exponentielle et nécessite des systèmes de refroidissement ou, bien plus vertueux, de créer des réseaux de chaleur pour alimenter les quartiers avoisinants (comme le réseau de chaleur du quartier Eurêka, à Castelnau-le-Lez, alimenté par le data center d’IBM).

Impacts catastrophiques du numérique en RD du Congo

Michel Robert a également détaillé les impacts catastrophiques du numérique, liés à l’excavation de terres rares dans les mines de la République démocratique du Congo (à raison de 200 kg de terres pour 200 g de smartphone). Ainsi, l’excavation de cobalt a causé jusqu’à présent en RD du Congo 6 millions de morts, 4 millions d’exilés et 6,8 millions de réfugiés internes.

Réduire le futile et le marketing

En conclusion, Michel Robert a appelé à réduire le futile et le marketing lié à l’effet rebond (dans le numérique comme dans la fast fashion). Il recommande d’informer le public, de former la population et des spécialistes et de mesurer les impacts du numérique afin de réguler, modérer et mutualiser ses usages. Faisant appel à la notion de bien commun, il préconise d’éviter les forfaits à usages illimités (« on restreint bien l’usage de l’eau, pourquoi pas celui du numérique ? ») et à repenser les modèles de consommation.

« Imaginer des applications vertueuses, inventer des objets plus utiles et durables est un défi à moyen terme », a-t-il conclu, expliquant que selon lui, « le numérique est à la fois le poison et le remède ».